Le bras de fer entre Harvard et l’administration Trump

Le 11 avril, l’administration Trump a adressé par courrier une série d’exigences à la direction de l’Université Harvard, réclamant notamment la suppression des politiques en faveur de la diversité, des modifications de programmes accusés « d’alimenter le harcèlement antisémite », ainsi qu’un « audit » des opinions exprimées par les étudiants et les enseignants.

En réponse, le 14 avril, le président de Harvard, Alan Garber, a publié une déclaration adressée à la communauté universitaire dans laquelle il affirme que l’établissement « n’abdiquera ni son indépendance ni ses droits garantis par la Constitution », ajoutant que « aucun gouvernement – quel que soit le parti au pouvoir – ne doit dicter aux universités privées ce qu’elles doivent enseigner, qui elles peuvent admettre ou recruter, ni les domaines dans lesquels elles peuvent mener leurs recherches ».

Cette prise de position a été renforcée par une lettre d’avocats du cabinet Quinn Emanuel adressée à l’administration Trump, mettant en doute la légalité des mesures requises. Les avocats y soulignent qu’elles sont « en violation du Premier Amendement » et « portent atteinte aux libertés universitaires garanties de longue date par la Cour suprême ».

Sanctions financières et menaces politiques

En réaction au refus de Harvard de se conformer aux exigences de l’administration Trump, le ministère de l’Éducation a publié un communiqué, le 14 avril, indiquant que « la Task Force conjointe de lutte contre l’antisémitisme annonce le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions sur plusieurs années », ainsi que la suspension de « contrats pluriannuels d’une valeur de 60 millions de dollars ».

À la suite de cette annonce, Donald Trump a également brandi la menace de retirer à l’université l’exemption fiscale dont elle bénéficie. Son administration a par ailleurs averti que Harvard pourrait se voir interdire l’accueil d’étudiants étrangers si elle refusait de se soumettre à un contrôle de ses politiques en matière d’admission, de recrutement et d’orientation idéologique.

Dans le même esprit, le jeudi 17 avril, les républicains du Congrès ont annoncé, dans une lettre, l’ouverture d’une enquête parlementaire visant à examiner le « manque de conformité [de Harvard] avec les lois sur les droits civiques ».

Une décision « arbitraire » et « capricieuse »

Pour contester le gel de ses subventions fédérales — une décision qu’elle juge « arbitraire » et « capricieuse » —, l’Université Harvard a saisi la justice en déposant, le 21 avril, une plainte devant le Tribunal de district du Massachusetts. L’établissement y affirme que le gel du financement de la recherche constitue une atteinte au Premier Amendement et empiète également « sur les lois et réglementations fédérales ».

Le même jour, le président de Harvard a réagi publiquement dans un communiqué soulignant que les exigences formulées par l’administration Trump auxquelles Harvard n’a pas cédé « imposeraient un contrôle sans précédent et inapproprié sur l’université ».

En parallèle, une déclaration commune a été publiée mardi 22 avril par l’Association américaine des collèges et universités. Signée par une centaine de dirigeants d’établissements, elle dénonce « l’ingérence gouvernementale et l’interférence politique » exercées par l’administration Trump au sein de l’enseignement supérieur américain.

L’administration Trump poursuit son offensive contre les universités

Le 24 avril, Donald Trump s’était exprimé au sujet de Harvard sur son réseau Truth Social, accusant l’université d’être une « institution antisémite d’extrême gauche » et une « menace pour la démocratie ». Le président des États-Unis a poursuivi en qualifiant l’université de « foutoir progressiste », qui « accepte des étudiants du monde entier qui veulent détruire notre pays ».

Quelques jours plus tard, le bras de fer entre l’administration Trump et les universités ne faiblit pas. Le lundi 28 avril, l’administration Trump a entamé des investigations sur la Harvard Law Review, une revue de l’université de Boston, pour « discrimination raciale ». En effet, selon le ministère de l’Éducation américain, la revue « paraît choisir les gagnants et les perdants sur la base de l’origine ethnique » de leur auteur. Le ministère de l’Éducation souhaite également examiner « la relation entre Harvard et le journal, notamment les liens financiers, les procédures de surveillance, ainsi que les politiques de sélection et autre documentation concernant les participations et les publications ».

Le même jour, l’administration Trump a également publié un communiqué visant l’Université de Pennsylvanie, l’accusant d’avoir violé le « Title Ix Of The Education Amendments Of 1972
» en « refusant aux femmes l’égalité des chances en autorisant les hommes à concourir dans les compétitions sportives interuniversitaires féminines et à accéder aux espaces réservés aux femmes, notamment les lieux intimes ».