Harvard se voit retirer le droit d’accueillir des étudiants étrangers par l’administration Trump
Article publié le 23 mai à 12h30, mis à jour à 16h48.
Jeudi 22 mai, une nouvelle étape a été franchie dans le bras de fer qui oppose Harvard à l’administration Trump.
L’interdiction d’accueillir des étudiants étrangers imposée à Harvard
Dans une lettre adressée au président de l’Université Harvard, Alan Garber, la secrétaire à la Sécurité intérieure américaine, Kristi Noem, a annoncé la révocation « à effet immédiat » de la certification du programme SEVP (Student and Exchange Visitor Program), qui permet à l’Université d’accueillir des étudiants étrangers.
La secrétaire à la Sécurité intérieure justifie cette décision au regard « du refus de vous [Harvard] conformer à de multiples demandes de fournir au département de la sécurité intérieure des informations pertinentes, tout en perpétuant un environnement dangereux sur le campus, hostile aux étudiants juifs, encourageant les sympathies pro-Hamas et appliquant des politiques racistes en matière de “diversité, d’équité et d’inclusion” ».
Cette restriction empêcherait alors Harvard de recruter des étudiants étrangers dès la rentrée 2025-2026, alors même qu’environ 25% de son effectif est composé de ces étudiants étrangers. Elle obligerait également ceux qui y sont déjà inscrits à être transférés dans une autre université afin de conserver leur statut.
L’ultimatum posé par l’administration Trump à Harvard
Néanmoins, l’administration Trump laisse à l’Université un délai de 72 heures pour lui communiquer « [t]ous les documents, officiels ou non (…) y compris les documents électroniques et les séquences audio ou vidéo, concernant des activités illégales, sur le campus ou en dehors », « une activité violente, sur le campus ou en dehors », « des menaces proférées à l’encontre d’autres étudiants ou du personnel de l’université, sur le campus ou en dehors », « la privation des droits d’autres camarades de classe ou du personnel de l’université, sur le campus ou en dehors »,« d’un étudiant étranger inscrit à l’Université Harvard au cours des cinq dernières années ».
L’Université doit également fournir à l’administration « [t]ous les dossiers disciplinaires de tous les étudiants étrangers inscrits à l’université Harvard au cours des cinq dernières années. »
Si Harvard se plie à l’ultimatum que lui pose le gouvernement américain, ce dernier abandonnerait la suppression de sa certification SEVP.
Harvard poursuit l’administration Trump en justice
En réponse, l’Université Harvard a intenté contre l’administration Trump une action en justice devant la Cour de district du Massachusetts demandant aux juges de déclarer inconstitutionnel et illégal l’acte pris par le gouvernement. Ce dernier viole, selon l’Université, le Premier Amendement de la Constitution des États-Unis, la clause de Due Process et les règles de la loi sur la procédure administrative (Administrative Procedure Act).
Harvard précise que la décision du gouvernement, si elle n’est pas annulée par la justice, « causera un préjudice imminent, concret et irréparable à Harvard, à ses étudiants et à sa faculté, ainsi qu’à sa capacité à réaliser sa mission éducative. »