Le procès de l’entreprise Lafarge SA s’ouvre ce mardi à 13h30 devant la 16ème chambre du Tribunal correctionnel de Paris, pour des faits d’une portée juridique inédite. Pour la première fois, une personne morale est poursuivie en France pour financement du terrorisme.

Pendant six semaines, les juges vont examiner la responsabilité de la société et de sept anciens dirigeants, dans le maintien de l’activité de leur usine syrienne en pleine guerre civile. Pour assurer la poursuite de la production, le groupe est soupçonné d’avoir versé plusieurs millions d’euros à des groupes armés, dont l’État islamique (EI), via des intermédiaires locaux.

Implanté depuis 2008 à Jalabiya, dans le nord du pays, le site syrien employait environ 250 salariés. Alors que la plupart des entreprises occidentales avaient quitté la région, Lafarge Cement Syria, filiale détenue à plus de 98 % par le groupe français, aurait continué à fonctionner grâce à des « paiements de sécurité », évalués à près de cinq millions d’euros par les enquêteurs – un chiffre contesté par la défense, qui ramène ce montant à 500 000 euros.

Déjà sanctionné aux États-Unis par une amende de 778 millions de dollars, le groupe invoque le principe non bis in idem et l’article 113-9 du Code pénal pour éviter une double condamnation. Mais la justice française estime que les faits relèvent de sa compétence expliquant qu’il n’y a pas d’extinction de l’action publique si l’usine était contrôlée par la maison mère française.

Le procès durera en principe jusqu’au 16 décembre.