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Coupe du monde et assiduité au travail

Au pays des 35 heures, le surf personnel en entreprise représenterait 63 minutes par jour. Et pendant la Coupe du monde de football ? Nombreux sont les salariés qui feront tout pour suivre certains matchs en direct. Or, le collaborateur qui se fera porter pâle à une réunion de service, officieusement pour cause de ballon rond, commet une faute disciplinaire. Même chose pour un cadre en forfait-jours : s’il n’est pas soumis aux horaires collectifs classiques, ce statut ne le dispense pas des réunions de service. Restera à connaitre la productivité de cette réunion, où certains collaborateurs seront concentrés sur leur ordinateur portable  en ayant pris soin d’enlever le son…

Mais grâce au décalage horaire, les matchs seront en Europe retransmis en soirée : dans les équipes de nuit, il faudra donc vérifier que les écrans surveillés soient les bons. Quant aux éventuels retards matinaux ou fautes issues d’une nuit agitée, ils relèvent du droit disciplinaire classique.

Pour un ouvrier de production, la question ne se pose guère car son travail rend difficile de faire deux choses à la fois, sur le plan de la quantité comme de la qualité (primes). Mais sur celui de la sécurité, les discrets écouteurs destinés à suivre le match à la radio sont à proscrire car ils coupent la personne de son environnement.

Mais pour un travailleur du savoir, que faire ? Bien sûr le DSI peut blacklister les sites indésirables et, à l’exception de celles des représentants du personnel, surveiller le nombre et la durée des connexions. Pendant le temps et sur le lieu de travail, un salarié est censé travailler : ses connexions sont donc présumés professionnelles (CS, 18 décembre 2013). La liste des collaborateurs se livrant à un présentéisme largement virtuel peut être ensuite transmise au DRH pour une mise au point ou à pied, voire un licenciement pour faute (CS, 26 février 2013).

Mais avec les smartphones personnels 4G et la mode du BYOD (« Bring your own device »), ces contrôles ressentis comme très décalés par la Génération Y sachant technologiquement y échapper risquent d’impacter davantage les salariés plus anciens ayant l’habitude de se connecter au système d’information de l’entreprise.

Un conseil donc à destination des employeurs pour fédérer ses équipes et fidéliser les meilleurs collaborateurs : faire des soirs de match les plus importants un événement festif et convivial sur grand écran. Sans alcool , cigarettes ni vaporettes.

Jean-Emmanuel Ray

Jean-Emmanuel Ray

Professeur émérite de l'Ecole de Droit de la Sorbonne
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